Pour Robert Roy-Boudreau, cesser de fumer, c’est une course à la vie. Une course qu’il entreprend depuis déjà un an et qu’il partage depuis, afin d’encourager des fumeurs et ex-fumeurs à vivre sans tabac.

Franc, sympathique et extraverti, ce directeur de l’école La Ruche à Tracadie-Sheila inspire plusieurs collègues et parents par son enthousiasme qu’il démontre envers la vie depuis qu’il est non-fumeur. Impossible d’écouter Robert parler de son cheminement sans se sentir interpelé soi-même de faire tout son possible pour atteindre un de ses propres but de santé et/ou d’activité physique !

Ayant fumé depuis l’âge de 14 ans, Robert affirme qu’il a essayé de nombreuses fois de cesser de fumer pendant les 30 ans qui ont suivi. Mais, comme c’est le cas pour bien des fumeurs qui luttent avec leur dépendance à la nicotine, c’était toujours la même histoire : malgré sa bonne volonté et son désir d’arrêter, le recours à la cigarette se faisait bien trop rapidement, souvent après juste quelques jours d’avoir pris la résolution de cesser de fumer.

« J’ai finalement compris que pour arrêter pour de bon, il fallait que me fixe un objectif, » dit-il. « Avant, je pensais que je pouvais arrêter juste comme ça. Qu’il me fallait tout simplement la motivation et le désir d’arrêter! Mais ce n’était pas assez. Il me manquait un objectif plus grand que ça, quelque chose qui n’avait rien à faire avec la cigarette. »

« Tôt ou tard, tout fumeur doit cesser de fumer. Soit, il devient malade à cause de la cigarette, soit il meurt. Bien entendu, toute personne doit mourir un jour, mais c’est encore pire quand le tabac met fin à ta vie prématurément. Mais, le fumeur peut faire le choix personnel d’arrêter de fumer avant d’en arriver là. »

Pour Robert, ce moment déclencheur fut de voir une une personne gravement malade avec sa bonbonne d’oxygène lors d’une visite à l’hôpital. La peur de se trouver dans la même situation l’a poussé à se lancer encore une fois dans l’aventure de cesser de fumer. Mais, à sa grande surprise, cette fois, il allait réussir. Et cette réussite, il l’attribue à une nouvelle passion, découverte un peu au hasard.

« C’était tout juste après Pâques en avril 2014. Je venais d’annoncer à tout le monde encore une fois que je venais de me donner la résolution d’arrêter de fumer, » avoue-t-il. « J’arrivais à ma 10e journée sans cigarettes et la petite voix dans ma tête commençait à me dire que c’était impossible. J’étais prêt à succomber. Au hasard, mon adjointe administrative m’a parlé de la course comme passe-temps et m’a présenté un programme d’entrainement pour courir un 10 km. J’ai trouvé que c’était un beau défi et c’est quelque chose que j’aurai voulu faire dans ma vie, mais que je n’avais jamais eu le courage d’entreprendre. Je voulais le faire et je savais qu’il me serait impossible de courir en étant fumeur. Mais je me suis lancé ! »

La course et l’entrainement nécessaire pour accomplir son but ont été à Robert ce dont il avait besoin pour ne pas retomber dans le cercle vicieux de la dépendance à la nicotine.

« Ça n’a pas été facile. Quand tu arrêtes de fumer, ton corps fait mal. C’est ta dépendance à la nicotine qui te joue des tours alors que ton corps passe à travers les symptômes de sevrage. J’avais mal partout, mais il fallait tout juste que je passe à travers. C’est, en faite, mon meilleur conseil à donner aux fumeurs qui veulent arrêter de fumer : il faut vivre de moment en moment et ne pas trop penser au long terme. Chaque moment compte au début : toutes les fois où j’ai eu envie de fumer et que je ne l’ai pas fait ont été une victoire. Toutes les fois que je n’ai pas écouté ma petite voix qui me disait que j’avais envie de fumer. Avec le temps, cette petite voix est moins présente. Il faut donc vivre de moment en moment, ensuite de jour en jour, ensuite de semaine en semaine. Puis un moment donné, tu réalises que plusieurs mois se sont écoulés. Tu es plus fort, tu écoutes moins la petite voix. Et tu te sens si bien que tu ne veux plus retourner par en arrière ! »

Il enchaine : « Je dis aux fumeurs : donnez-vous le temps de vous rendre à ce point là. Que vous ne toussez plus le matin. Que votre santé s’améliore. Je dis aux fumeurs : peu importe le nombre d’années que vous avez investi dans la cigarette, vous pouvez investir dans votre vie maintenant au lieu ! Vous pouvez vous aussi gouter à la vie sans tabac ! »

Et goûter à la vie, Robert en raffole depuis qu’il est non-fumeur !

« Avant, j’étais esclave à la cigarette. Par exemple, au travail, dans l’école, pendant les pauses, je courrais pour me rendre à ma voiture afin de pouvoir y fumer une cigarette. Je manquais beaucoup d’occasions de socialiser avec mes collègues et de m’impliquer dans la vie des jeunes. Pendant des spectacles ou au cinéma, je perdais patience, je ne regardais plus ce qui se passait devant moi, car je comptais les minutes avant que je puisse sortir pour prendre ma cigarette. Dans les restaurants, entre amis, il m’arrivait toujours de couper court la discussion pour aller fumer dehors. Je réalise maintenant que je manquais plein de petits plaisirs de la vie. »

Mais, être non-fumeurs, c’est quelque chose qui se poursuit toute une vie. Il faut toujours, selon Robert, se fixer des objectifs et se féliciter du travail accompli.

« Quand j’ai accompli mon premier 10km, j’ai réalisé que je devais me fixer un 2e objectif, car j’avais encore de temps en temps, l’envie de fumer. Mon nouvel objectif est un Ultra marathon de 100km – ça aura lieu en juin 2015. Et après cela, il faudra encore que je me donne un nouvel objectif. Pour moi, arrêter de fumer, ça va de pair avec une bonne alimentation et de l’activité physique. C’est un nouveau style de vie, plus sain, qu’il faut que je continue à explorer. »

Il dit toutefois qu’il pense ne jamais recommencerai à fumer, puisqu’il réalise maintenant à quel point la vie est belle sans cigarettes.

« Avant, je pensais que la cigarette m’aidait, qu’elle me calmait me faisait relaxer. Je réalise maintenant que j’étais au contraire toujours fatigué. Maintenant, je dors bien, je me lève plus reposé. J’ai de l’énergie à revendre et je me sens bien physiquement, plus que je ne pouvais imaginer. »

Robert a pris l’engagement de continuer son cheminement et d’aider d’autres fumeurs à cesser de fumer. Ainsi, l’école La Ruche de Tracadie-Sheila offrira ses espaces à un programme permettant aux fumeurs d’apprendre à courir – une initiative de la Coalition antitabac de la Pénisule acadienne. Il espère que des collègues, parents et membres de la communauté s’inscriront en grand nombre et prendront part aux rencontres du groupe, qui auront lieu chaque mardi soir, pendant 8 semaines. Il offre aussi soutien et conseils à des collègues et amis et adore voir d’autres gens trouver la motivation ultime qui les aide à cesser eux aussi de fumer – pour de bon.

« Je dis aux gens : n’écoutez pas la petite voix dans votre tête qui vous dit que c’est impossible. Vous pouvez dépasser cette petite voix-là ! »

Photos: Gracieuseté de Robert Roy-Boudreau

Publié – mars 2015

Par Nathalie Landry – Coordonnatrice des communications de la CATNB