Corinne Savage (66 ans, Riverview, N.-B.) et Yvette Austin (79 ans, Saint-Pons, N.-B.) sont deux femmes bien inspirantes qui prouvent que la vie sans tabac est possible à tout âge et qu’elle en vaut la peine — même après avoir été fumeur pendant longtemps.
Les deux femmes ont été contactées par la CATNB après avoir partagé sur Facebook à quel point elles étaient fières d’avoir réussi à cesser de fumer. Ces commentaires avaient été reçus lors du concours #DitesNonAuTabac de la CATNB soulignant la Semaine nationale sans tabac 2018.
« Un matin, j’ai décidé que j’en avais assez et que j’avais besoin de cesser de fumer ou bien j’allais me retrouver avec une maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) et avoir besoin d’oxygénothérapie », affirme Corinne Savage. « J’ai fumé pendant plus de 50 ans. J’ai essayé de cesser tant de fois, j’ai l’impression que tous les 6 mois, à peu près, j’essayais une nouvelle méthode pour cesser de fumer ! Je souffrais de bronchites et d’infections pulmonaires au moins deux à trois fois par année. J’ai essayé de cesser de fumer avec un arrêt complet, les timbres de nicotines, l’hypnose, les aides au sevrage tabagique sur ordonnance… Tout ! »
Corinne a grandi à Fredericton et a commencé à fumer à l’âge de 16 ans. Comme de nombreux Néobrunswickois de son groupe d’âge, elle a été initiée aux cigarettes à une époque où fumer était plus socialement acceptable et faisait partie de la vie quotidienne, et où les gens n’étaient pas conscients des risques. Elle dut malheureusement lutter contre sa dépendance à la nicotine pendant la plus grande partie de sa vie adulte. Corinne finie par déménager à Riverview et travailler dans l’industrie de l’hôtellerie et de la restauration, ce qui a également contribué à rendre plus difficile ses tentatives de cesser de fumer, puisqu’elle était souvent entourée de fumée secondaire.
« Vous devez le faire pour vous-même et être prêt », dit Corinne. Elle a enfin réussi à cesser de fumer pour de bon en novembre 2012. « Si vous ne le faites pas pour vous, vous ne réussirez pas. En plus de chercher à soulager mes symptômes de sevrage, j’ai aussi pris conscience de mes routines entourant mon utilisation de la cigarette et j’ai changé certaines d’entre elles. Par exemple, j’ai décidé de remplacer l’acte physique de fumer une cigarette par quelque chose de sain et bénéfique pour mon corps : boire de l’eau. Donc, j’avais toujours un verre ou une bouteille d’eau avec moi, et chaque fois que je ressentais l’envie de fumer, je buvais beaucoup d’eau. »
Corinne Savage a cessé de fumer en 2012 après avoir fumé pendant plus de 50 ans et dit qu’elle se sent mieux que jamais. Elle est même devenue une amatrice de course à pied!
Yvette Austin a également essayé de cesser de fumer à plusieurs reprises avant de trouver la bonne thérapie de remplacement de la nicotine et des conseils qui lui ont permis de vivre sans tabac. Elle a fumé pendant 59 ans et a finalement réussi à cesser de fumer à l’âge de 76 ans. « J’ai commencé à fumer à l’âge de 17 ans », se souvient-elle. « Je me rendais à Montréal pour trouver du travail et mon ami m’a offert un paquet de cigarettes à la gare en guise de cadeau. Je les ai fumées dans le train et, bien sûr, j’étais accro à partir de ce moment. Tout le monde fumait à l’époque. Tous les membres de ma famille étaient des fumeurs. Ce n’était qu’une question de temps avant que je devienne aussi fumeuse. Mais j’ai essayé d’arrêter de fumer plusieurs fois, au fur et à mesure que j’ai vieilli. J’ai essayé le timbre, la gomme à la nicotine et l’inhalateur. Ma chère petite-fille Karelle a été témoin de ce combat et elle a beaucoup de connaissances à ce sujet. Je pensais que j’avais tout essayé, mais elle a suggéré des pastilles à la nicotine et j’ai vraiment aimé ces dernières ; elles ont bien fonctionné pour moi. Il me restait un demi-paquet de cigarettes quand j’ai utilisé ma première pastille et j’ai fini ce paquet graduellement tout en prenant des pastilles jusqu’à ce que je ne ressente plus le besoin de fumer. Je n’ai pas touché une seule cigarette depuis ce paquet. J’en suis très fière. Mon mari est un ancien fumeur. Il a cessé de fumer plus de 35 ans passés, lorsqu’il fut recommandé par son médecin, suite à des ulcères gastriques. Par contre, aucun de mes enfants et petits-enfants ne fume, et depuis que je suis non-fumeuse, je peux dire avec fierté que j’ai une maison et une famille 100% sans fumée ! »
Yvette Austin a pu reprendre sa mobilité après son opération au dos et continue à vivre pleinement maintenant grâce à sa décision de cesser de fumer et l’aide et les conseils qu’elle a reçus à ce sujet de la part de sa petite-fille, Karelle Guignard.
La petite-fille mentionnée par Yvette est Karelle Guignard (35 ans, Moncton, N.-B.). En effet, Karelle est une experte sur le sujet ; elle est la coordonnatrice du Programme d’abandon du tabac du Réseau de santé Vitalité. Karelle peut attester du fait que tout le monde est différent quand il s’agit de renoncement au tabac. « Il n’y a pas de formule établie pour le succès. Avec les patients que nous voyons dans nos hôpitaux et nos diverses cliniques qui offrent de l’aide en abandon du tabac, nous prenons le temps de les connaître et de faire des recommandations en fonction de leurs besoins, leur style de vie et le taux de nicotine auquel leur corps est habitué. Par exemple, un gros fumeur peut avoir besoin d’utiliser des thérapies de remplacement de la nicotine comme le timbre, la gomme, les pastilles ou un inhalateur en plus de médicaments sur ordonnance de renoncement au tabagisme comme la varénicline et le bupropion. Nous recommandons souvent une combinaison de différentes thérapies de remplacement de la nicotine ou simplement une dose plus élevée de la thérapie de remplacement de la nicotine choisie par le patient s’il y est un gros fumeur. Certaines personnes réussiront seulement à cesser de fumer comme ma grand-mère l’a fait avec une méthode réduire pour arrêter, ce qui signifie qu’ils utilisent leur thérapie de remplacement de la nicotine pour réduire progressivement le nombre de cigarettes qu’ils fument chaque jour. Il y a aussi la méthode pré-abandon : en fonction du nombre quotidien de cigarettes qu’un fumeur a l’habitude de fumer, il peut commencer à porter un timbre à la nicotine sur une période de 24 heures et continuer à fumer. Il remarquera que ses envies s’atténueront et que le nombre de cigarettes qu’il fume par jour diminuera graduellement. Après quelques semaines, il sera encore plus prêt à cesser de fumer complètement. »
Karelle ajoute : « Depuis que je suis toute petite, ma grand-mère m’a toujours dit de ne jamais toucher à la cigarette. Elle détestait l’odeur que la fumée de cigarette laissait sur ses vêtements et elle ne fumait jamais en public — elle en avait honte. Plus tard, elle a commencé à avoir des douleurs reliées à une sténose spinale et l’a mené à perdre son autonomie drastiquement. Son médecin a recommandé une intervention chirurgicale. Toute la famille s’est ralliée derrière elle et a profité de l’occasion pour l’encourager à cesser de fumer pour de bon, avant la chirurgie. Nous avons parlé des risques associés au tabagisme pour son opération et discuté de comment la récupération post-chirurgie serait plus facile si elle était non-fumeuse. En arrêtant de fumer plusieurs mois avant son opération, elle a vraiment aidé ses chances d’un bon rétablissement. »
En ayant cessé de fumer avant sa chirurgie, Yvette a bien guéri et, en aussi peu que 6 mois, elle avait retrouvé sa mobilité et son indépendance. Elle peut maintenant profiter pleinement des années à venir.
« J’étais très motivée à cause de l’opération », confirme Yvette. « Avant l’opération, je devais utiliser une marchette et je détestais cela. Je ne pouvais plus faire ce que j’avais l’habitude de faire, et c’était très effrayant. Je voulais que l’opération se passe bien, pour que je puisse retrouver mon indépendance. Les pastilles étaient aussi la bonne thérapie de remplacement de la nicotine pour moi, et le fait que Karelle m’a fait comprendre que je n’avais pas besoin d’arrêter de fumer d’un seul coup et que je pouvais aussi continuer à utiliser les pastilles aussi longtemps que j’en avais besoin — ont été la clé de mon succès. De plus, elle m’appelait souvent pour jaser et me donner des conseils et encouragements. Elle m’a fait comprendre qu’il n’y a pas de honte dans le fait que même maintenant, deux ans et demi plus tard, de temps en temps, quand j’en ressens le besoin, je prends une pastille. »
En effet, certains fumeurs de longue date auront peut-être à continuer à utiliser un timbre pendant toute leur vie, ou de la gomme ou des pastilles. Il s’agit d’une bien meilleure option que de continuer à fumer. La nicotine crée la dépendance, mais elle ne nuit pas au corps. C’est le tabac comme tel, ainsi que les produits chimiques dans la cigarette et les autres produits du tabac qui nuisent au corps. Les fumeurs de longue date peuvent s’encourager en sachant qu’ils verront des avantages immédiats pour leur santé et que leur corps commencera à se réparer s’ils cessent de fumer.
(Source: Téléassistance pour fumeurs)
De plus, selon l’Organisation mondiale de la santé, même les fumeurs qui souffrent déjà d’un problème de santé lié au tabagisme peuvent ressentir des bienfaits en cessant de fumer et ajouter des années à leur espérance de vie :
À environ 40 ans: enregistrent un gain de 9 ans d’espérance de vie.
À environ 50 ans: enregistrent un gain de 6 ans d’espérance de vie.
À environ 60 ans: enregistrent un gain de 3 ans d’espérance de vie.
Suite à l’apparition d’une maladie potentiellement mortelle: profitent rapidement des bienfaits sur la santé du renoncement au tabac. Par exemple, les personnes qui cessent de fumer après une crise cardiaque réduisent leurs chances de récidive de 50%.
Corinne et Yvette ont certainement connu des bienfaits d’avoir cessé de fumer.
« Ma vie s’est améliorée depuis que j’ai cessé de fumer », affirme Corinne. « Je suis chanceuse et bien soulagée de ne pas avoir développé une MPOC. Je ne suis plus esclave de mes cigarettes. Vous ne vous rendez pas compte combien de temps l’acte de fumer occupe dans votre vie quotidienne jusqu’à ce que vous vous en débarrassiez. Une fois que j’ai cessé, presque immédiatement, après une semaine, m’a toux persistante a disparue. Je me sens mieux physiquement. Tellement que, quelques années plus tard, j’ai même commencé à courir, quelque chose que je n’aurais jamais cru être capable d’accomplir ! »
« Je me sens tellement mieux », dit Yvette. « Deux ans après avoir cessé de fumer, mon médecin m’a même dit que mes poumons étaient maintenant tous clairs. J’ai tellement plus d’énergie. Je suis si heureuse et fière de moi-même. J’encourage les fumeurs à continuer d’essayer jusqu’à ce qu’ils réussissent à cesser de fumer. Oui, c’est très difficile, mais c’est possible ! »
« Il n’est jamais trop tard pour cesser de fumer », ajoute Karelle. « Les avantages en valent la peine, peu importe l’âge. Même pour les fumeurs de longue date qui ont développé une MPOC, la progression de la maladie peut être ralentie si le patient cesse de fumer. Cesser de fumer peut les aider à maintenir la fonction pulmonaire qui leur reste. Cela peut aussi les aider à mieux gérer leurs symptômes et éviter les poussées actives et exacerbations. »
Histoire et photos utilisées avec permission de Corinne Savage, Yvette Audet, Karelle Guignard et la Téléassistace pour fumeurs.
Publié – Novembre 2018.
Par Nathalie Landry – Coordonnatrice des communications de la CATNB.