Les entraineurs Christian Jasper (à gauche) et Cindy Johnson (à droite), en compagnie du fondateur du Club des coureurs, John Stanton (au centre).

L’activité physique est souvent recommandée par les professionnels de la santé. Il est un outil bien intéressant pour les fumeurs qui veulent vaincre leur dépendance à la nicotine. L’exercice atténue les envies de fumer et aide à gérer les symptômes de sevrage.

C’est le principe derrière le programme «Je cours, j’écrase», une initiative de la Société canadienne du cancer et du Coin des coureurs. Ce programme aide les fumeurs à cesser de fumer en les initiant graduellement à marcher ou à courir 5 kilomètres. Les participants peuvent suivre un programme d’entrainement de 10 semaines chez un magasin Coin des coureurs (Running Room) dans leur région ou bien de façon virtuelle. Il existe aussi le volet gratuit «À ma façon» qui offre des ressources et conseils par courriel. Toutes les personnes qui s’inscrivent et réussissent à cesser de fumer avant la date limite peuvent gagner des prix en argent.

«Je cours, j’écrase» a eu ses débuts comme projet pilote à Ottawa en 2013. Il est maintenant offert un peu partout au Canada. Grâce à ses composantes virtuelles, tous les Canadiens peuvent participer, même s’ils n’ont pas accès à un magasin Coin des coureurs dans leur région. Des prix sont tirés parmi les participants tous les ans, ce qui donne encore plus de motivation aux gens de l’essayer. «Je cours, j’écrase» a connu bien du succès jusqu’à présent et est même à l’étude par des chercheurs de l’Université de la Colombie-Britannique pour son potentiel en tant que programme de prévention des maladies chroniques.

«Nous avons commencé à recruter des bénévoles et offrir le programme “Je cours, j’écrase” dans les magasins et de façon virtuelle au Nouveau-Brunswick l’an dernier en 2016, en collaboration avec les magasins Club des coureurs à Moncton et Fredericton», explique Michelle St-Pierre, gestionnaire de la prévention et services de soutien chez la Société canadienne du cancer (Nouveau-Brunswick), qui supervise le programme dans la province. «Notre principal défi cette première année fut le recrutement de participants. Nous avons fait beaucoup de publicité, mais il est difficile pour les gens de faire le premier pas. Une fois qu’ils commencent le programme, ils l’adorent, mais c’est comme tout changement de style de vie — faire le premier pas est souvent l’étape la plus difficile.»

Beaucoup de soutien de la part des entraineurs

En effet, les participants qui prennent cette décision courageuse de s’inscrire au programme ne le regretteront pas. L’une des clés du succès du programme «Je cours, j’écrase» est le soutien dont bénéficient les participants. Les entraineurs bénévoles, soit Susan Arbeau, 44, Fredericton, et Christian Jasper, 42, Moncton, qui ont mené le programme d’entrainement en magasin au Nouveau-Brunswick l’an dernier, sont eux-mêmes des ex-fumeurs. Ces entraineurs savent comment il est difficile de cesser de fumer. Ils peuvent puiser des conseils depuis leurs expériences personnelles et partager leur nouvelle passion pour la course avec les participants — ce qui rend le tout beaucoup moins intimidant.

«Ma coentraîneuse Cindy Johnson et moi-même étions d’accord que si nous n’avions qu’une seule personne inscrite à la session, ça valait la peine d’offrir ce cours. Être capable d’aider quelqu’un à changer sa vie pour le meilleur est tellement valorisant», explique Christian, qui a aidé à diriger le programme d’entrainement «Je cours, j’écrase» dans le magasin Club des coureurs de Moncton.

«J’ai moi-même fumé pendant près de 20 ans. Je faisais aussi de l’embonpoint. Après mon divorce, je savais que j’avais besoin de faire des choix de vie plus sains. De plus, je me sentais très seul et je cherchais à faire de nouvelles connaissances. J’avais entendu dire que le Club des coureurs était un endroit idéal pour rencontrer de nouvelles personnes et se faire des amis. Je suis donc allé à une première session d’entrainement pour apprendre à courir. Je n’avais jamais couru auparavant. Je détestais courir, comme la plupart des gens, mais c’est parce que je ne savais pas comment le faire correctement. Maintenant que je suis un coureur, ma vie s’est considérablement améliorée. J’ai beaucoup de nouveaux amis. C’est un excellent ajout à ma routine quotidienne. Courir me tient en forme; je me sens bien et je ne ressens plus des envies de fumer des cigarettes. Il s’agit d’une dépendance très forte — je sais qu’une seule bouffée de fumée pourrait me rendre accro, alors je ne contemple même pas cette option.»

L’entraineur Christian Jasper adore courir. Faire de la course a amélioré sa santé et l’aide à maintenir de bonnes habitudes de vie sans tabac.

Susan Arbeau a mené le programme «Je cours, j’écrase» chez le magasin Club des coureurs à Fredericton avec son mari, Wesley Arbeau. Sa découverte des joies de la course l’a aidée à surmonter sa dépendance à la nicotine elle aussi. Susan est une entraineuse parfaite pour ce programme, puisqu’elle a suivi le volet «À ma façon», il y a deux ans, pour cesser de fumer. Elle a aussi participé à un programme pour apprendre à courir offert par le Club des coureurs.

«Le tabagisme était “normal” chez nous», dit-elle. «Mes deux parents étaient de gros fumeurs. La plupart de mes frères et sœurs ont fumé. Mon mari était fumeur. Mais, en août 2015, mon mari a cessé de fumer. Il a également commencé à marcher, puis à courir, tout seul environ un an plus tard. J’avais toujours voulu apprendre à courir, mais je ne pensais pas que quelqu’un comme moi — quelqu’un qui faisait de l’embonpoint, quelqu’un qui était fumeur — pourrait être un coureur. Je l’ai encouragé à se renseigner auprès du Club des coureurs. Je voulais qu’il apprenne la bonne technique s’il était sérieux à ce sujet.»

«J’étais bien jalouse quand il est allé à sa première session d’entrainement au Club des coureurs de Fredericton. Mais il est revenu ce soir-là et m’a dit que tout ce qu’il avait à faire était de courir pendant une minute. Il m’a encouragé à l’essayer. Je me suis inscrite au programme d’entrainement. Nous avons couru trois fois par semaine en commençant par des intervalles d’une minute — une minute de course et une minute de marche.»

«C’était difficile, l’une des choses les plus difficiles que je n’ai jamais faites! Je ne savais pas si j’allais parvenir à courir pendant toute la durée d’une minute chaque fois que nous devions courir. Je n’ai pas voulu dévoiler à mon entraineur ni les gens de mon groupe que j’étais fumeuse. Cela aurait expliqué pourquoi j’avais tant de difficulté. J’étais trop embarrassé. J’ai commencé à détester le fait que j’étais fumeuse. Je savais qu’il serait impossible pour moi de m’améliorer à la course si je continuais à fumer. Donc, j’ai demandé une prescription pour Champix de mon médecin et j’ai fixé ma date d’abandon du tabac au 3 avril 2016.»

«Au Club des coureurs, j’ai découvert le volet en ligne “À ma façon” du programme “Je cours, j’écrase”. Puisque le Club des coureurs de Fredericton n’offrait pas encore le programme d’entrainement en magasin cette année-là, c’était une bonne alternative. Je me suis inscrite. J’ai reçu des courriels avec des conseils pour m’aider tout au long de mon cheminement et j’allais voir sur le site Web de temps en temps pour des ressources additionnelles. Une excellente composante du volet “À ma façon” est les appels de soutien de la Téléassistance pour fumeurs que j’ai reçus. Cela m’a beaucoup aidé et m’a permis de trouver des façons créatives de gérer mes envies de fumer. J’ai aussi appris comment prévoir mes envies et les éviter.»

L’entraineuse Susan Arbeau peut témoigner du fait que la course est un excellent outil pour aider à cesser de fumer.

Une approche étape par étape bien efficace avec beaucoup de soutien communautaire

Le programme d’entrainement de 10 semaines en magasin «Je cours, j’écrase» suit le même format dans chaque lieu où il est offert. Chaque séance débute par une discussion de groupe d’une durée de 20 à 30 minutes, suivi d’une marche ou d’une course de groupe. À titre de complément aux séances d’entrainement hebdomadaires, les participants peuvent se joindre à leur entraineur et aux autres membres du groupe pour les activités du Club de course qui se tiennent le mercredi soir et le dimanche matin.

Pendant les discussions de groupe, des conférenciers du Club des coureurs couvrent l’aspect apprendre à courir, comme choisir des espadrilles appropriées, éviter des blessures, s’entraîner, etc. Les entraineurs du programme «Je cours, j’écrase» consacrent une partie du temps de classe pour établir un plan d’abandon du tabac avec les participants. Les participants apprennent des outils pour gérer leurs envies de fumer et éviter les déclencheurs, et passent en revue le Guide d’abandon du tabac de la Société canadienne du cancer. Lors la deuxième semaine du programme, ils doivent fixer une date d’abandon du tabac.

N’importe qui peut apprendre à courir avec l’approche progressive du Club des coureurs qui alterne la course et la marche afin d’accroître l’endurance. Les entraineurs veillent à ce que chacun puisse y aller à son propre rythme. Des entraineurs se tiennent à l’avant et à l’arrière du groupe afin que chacun puisse profiter de la sortie à son rythme et que personne ne se sente abandonné.

«Ce qui est le plus fantastique, c’est que les participants du programme “Je cours, j’écrase” ont le soutien de toute la communauté du Club des coureurs», explique Christian. «Par exemple, ici, à Moncton, lors d’une soirée d’entrainement, environ 150 membres du Club des coureurs sont présents. La communauté de course est très accueillante envers les nouveaux coureurs. Nos coureurs adoraient les participants de “Je cours, j’écrase”. Ils offraient beaucoup d’encouragement et de conseils. C’était très impressionnant!»

Pour les Néo-Brunswickois qui n’ont pas accès à un magasin Club des coureurs dans leur région, le programme d’entrainement virtuel de 10 semaines est une excellente option, car il permet aux gens de se joindre aux discussions et de s’entraîner chez eux. Et pour ceux et celles qui veulent un peu plus d’indépendance, le volet «À ma façon» offre également de nombreux bons conseils.

Selon des statistiques publiées par la Société canadienne du cancer, 40% des participants interrogés du programme «Je cours, j’écrase» ont déclaré être non-fumeurs six mois après avoir terminé le programme et 43% ont déclaré qu’ils couraient toujours, en moyenne, trois fois par semaine. Aucun autre programme de renoncement au tabac n’offre ces deux avantages pour la santé.

  • 97% des participants qui ont complété le programme ont indiqué qu’il était bénéfique en ce qui concerne l’augmentation de l’activité physique.
  • 91% des participants qui ont terminé le programme ont déclaré qu’ils ont réduit leur usage du tabac en raison de leur participation au programme.
  • 28% ont cessé de fumer pendant le programme de 10 semaines et ne fumaient toujours pas six mois plus tard.
  • 51% des participants ayant complété le programme «Je cours, j’écrase» ont utilisé des thérapies de remplacement de la nicotine pendant le programme.

La confiance des participants quant à pouvoir atteindre leur objectif de cesser de fumer est passée de 67% au début du programme à 80% lors de la troisième semaine du programme.

Vous voulez courir et écraser?

Si vous êtes intéressés par «Je cours, j’écrase», des programmes d’entrainement en magasin auront lieu au printemps 2018 dans les magasins Club des coureurs de Moncton, Fredericton et Saint John. Le volet «À ma façon» ainsi que le programme d’entrainement virtuel sont également offerts à l’automne, en hiver et au printemps.

Nouveauté cette année : les participants peuvent inviter un ami non-fumeur à suivre le programme d’entrainement en magasin avec eux. Un prix de 500 $ sera tiré parmi ces amis et ils obtiennent un rabais de 50 % sur leurs frais d’inscription. Cette offre alléchante, en plus du coaching et du suivi personnalisé que reçoivent les participants pendant 10 semaines, rend le programme «Je cours, j’écrase » encore plus attrayant. C’est un scénario gagnant-gagnant : la chance de gagner de l’argent ou des prix tout en améliorant sa santé et son mieux-être.

Des programmes «Je cours, j’écrase» sont offerts un peu partout au Canada. Pour en savoir plus et vous inscrire, visitez runtoquit.com.

Histoire et photos utilisées avec la permission de la Société canadienne du cancer (Nouveau-Brunswick), Susan Arbeau et Christian Jasper.

Publié – novembre 2018

Par Nathalie Landry – Coordonnatrice des communications de la CATNB