Benjamin Kelly, enseignant de l’école Caledonia Regional High, ainsi que Donna Godfrey, directrice de l’école.
L’école Caledonia Regional High est une petite école secondaire à Hillsbirough, au Nouveau-Brunswick, avec environ 310 élèves inscrits dans les classes de la 6e à la 12e année. Située dans une magnifique région rurale, l’école accueille des élèves des communautés de Hillsborough, Riverside-Albert et Alma en plus de toutes les communautés depuis Stoney Creek jusqu’au parc national Fundy.
Comme c’est le cas pour plusieurs écoles rurales, la communauté entourant l’école Caledonia Regional High offre peu d’options de divertissement pour les élèves plus âgés qui sont autorisés à quitter le terrain de l’école pendant l’heure du dîner. La station d’essence de l’autre côté de la rue était devenue le lieu par excellence où les jeunes aimaient rencontrer leurs amis et cela causait des problèmes, car les jeunes passaient souvent la pause du dîner à fumer des cigarettes. Les jeunes non-fumeurs étaient aussi enclins à s’initier à la cigarette dans cet endroit.
« Les élèves qui aiment l’activité physique et font partie des équipes de notre école avaient tendance à passer la pause du dîner dans le gymnase », explique Benjamin Kelly, un enseignant à l’école Caledonia Regional High. « Les plus studieux passaient leur temps à la bibliothèque. Mais, cela laissaient une grande majorité d’élèves qui s’ennuyaient pendant la pause du midi et quittaient le terrain de l’école. Ils mangaient leur lunch rapidement et se dirigaient vers le lieu le plus populaire pour rencontrer et jaser avec leurs amis – la station d’essence de l’autre côté de la rue – un endroit où bien des jeunes fumaient et faisaient d’autres choix malsains. »
M. Kelly savait bien que l’ennui ou le manque d’activités stimulantes mène les adolescents à faire des choix malsains. « Nous avions vraiment un problème avec le taux de tabagisme au sein de notre population étudiante. Fumer était, dans la plupart des cas, lié à l’ennui. Quand les jeunes n’ont pas d’activités stimulantes pour passer leurs temps, fumer la cigarette est attrayant. Tenez-les occupés et ils ne ressentiront pas le besoin de fumer ! »
Il a ainsi eu l’idée de créer un espace attrayant, amusant, sain et sécuritaire à l’intérieur de l’école où les élèves voudraient passer la pause du dîner au lieu de quitter le terrain de l’école. Cette salle est devenue le Smart Choices Centre.
« Si les élèves ne peuvent pas quitter le terrain de l’école, ils ne peuvent évidemment pas fumer, puisqu’il est interdit de fumer à l’intérieur de l’école », explique-t-il. « Il est ainsi plus facile pour les élèves à ne pas être exposés au tabagisme et d’autres comportements malsains. »
Benjamin Kelly, avec l’approbation de la directrice de l’école, Mme Donna Godfrey, a donc fait une demande de subvention pour la promotion d’une vie sans tabac (offerte par le ministère du Développement social). Ce programme fourni des subventions maximales de 5 000 $ pour financer des initiatives communautaires qui visent à accroitre la vie sans tabac et renforcer l’action communautaire en mettant l’accent sur les initiatives menées par des jeunes, les partenariats et les actions globales.
« La salle du Smart Choices Centre offre des sofas confortables, des jeux, et même un système de divertissement Xbox », dit M. Kelly. « Il y a une chaîne radiophonique. Les élèves jouent des chansons depuis leurs téléphones intelligents, lecteurs MP3 ou l’Internet. Ils chantent. Certains lisent. Certains jouent des jeux. Nous avons également investi un peu d’argent pour ajouter un écran vert afin que la salle puisse aussi être utilisée comme un laboratoire de création. Certains élèves l’utilisent donc pour leurs projets de vidéo et de photographie. La salle a une ambiance bien décontractée et nos élèves adorent y passer du temps. »
M. Kelly ajoute que l’un des attraits les plus populaires de la salle n’est pas, comme l’on pourrait penser, le système de divertissement Xbox, mais quelques jeux d’échecs.
« Certains élèves jouent aux échecs tous les jours. Il y a souvent deux joueurs qui se disputent un match avec une dizaine de jeunes qui les observent. Cela est génial ! Les élèves apprennent, pratiquent leurs compétences en mathématiques, et s’amusent tout en ayant de saines habitudes ! »
Pour favoriser le message antitabac de son Smart Choices Centre, l’école Caledonia Regional High a mis en place un partenariat avec la pharmacie locale Sobeys. « La pharmacie nous a fourni des dépliants et ressources que nous avons mis à la disposition des élèves dans la salle. Il s’agit de renseignements sur comment éviter de fumer, les méfaits du tabagisme, et comment cesser de fumer. Je vois souvent des élèves lire ces dépliants. »
M. Kelly supervise les jeunes dans la salle de façon bénévole 300 minutes par semaine. « Je m’assure que la salle est ouverte et disponible aux élèves pendant les récréations, le midi et un peu après les heures de classe. Je m’assis et me tiens tranquille à l’arrière et j’observe. Je veux que les élèves soient à l’aise et se sentent comme si cet espace leur appartient. Je ne suis pas là pour imposer quoi que ce soit. »
Le Smart Choices Lab a été lancé le 10 septembre 2015. M. Kelly affirme que, dès le début, les jeunes ont voulu utiliser la salle en grand nombre. Environ 20 % des élèves de la 6e à la 8e année et 20 % des élèves de la 9e à la 12e année y passent leur heure du dîner. « Nous rejoignons 40 % de notre population étudiante ; c’est le pourcentage que nous voyions avant quitter le terrain de l’école. »
Il ajoute : « Au début, c’était surtout les filles qui venaient dans la salle. Mais nous nous sommes vite aperçus que la présence des filles attire aussi les garçons. Les élèves sont encore à cet âge où les garçons et les filles préfèrent être un peu chacun de leur côté; les garçons sont timides et ne veulent pas parler aux filles, mais ils veulent être tout près d’elles. Donc, ils s’amusent dans la salle et peuvent les impressionner avec leurs habilités aux jeux vidéos. Cette salle est devenue l’endroit par excellence où les jeunes veulent passer leur heure du dîner. Plusieurs m’ont dit que c’est un espace vraiment cool. »
Selon M. Kelly, le Smart Choices Centre a non seulement été positif quant à la réduction de l’exposition des élèves au tabagisme, mais il a également eu des bienfaits pour les jeunes qui avaient autrefois des problèmes de comportement. La salle maintient ces jeunes occupés et divertis au lieu de s’ennuyer. Le Smart Choices Centre est également très inclusif. Il est ouvert aux étudiants ayant des besoins spéciaux, et tous les groupes d’âge sont présents.
« À ce jour, cette salle a été extrêmement positive pour notre école », dit M. Kelly. « Et la communauté adore cette initiative ! »
M. Kelly ajoute que l’école est déjà à la recherche des moyens d’agrandir l’espace puisque les élèves ont exprimé le désir d’avoir plus de places pour s’assoir dans la salle. « L’espace est construit pour accommoder 18 élèves. Il y a souvent 30 à 35 jeunes chaque jour dans la salle ! Nous cherchons donc des moyens d’agrandir l’espace. »
Le génie derrière le Smart Choices Centre est que le message antitabac est perçu et compris par les étudiants, sans être présenté de façon agressif. Le fait de ne pas fumer vaut le coup et donne une récompense immédiate. « Je ferme toujours la porte après la première demi-heure de pause du dîner. Les élèves qui ne sont pas dans la salle avant ce temps – soit le temps propice pendant lequel les fumeurs se rendent habituellement à l’extérieur pour fumer – n’ont pas le droit d’entrer dans la salle et d’en profiter. Cela encourage les fumeurs et les jeunes qui pourraient s’aventurer hors du terrain de l’école et être exposés à la pression de leurs amis pour fumer à faire un choix – aller à l’extérieur et fumer ou rester à l’intérieur et s’amuser dans le Smart Choices Centre. Nous avons déjà 3 ou 4 fumeurs en ce moment qui choisissent de passer leur heure du dîner dans le Smart Choices Centre au lieu de quitter le terrain de l’école et fumer. Nous espérons que cela les encouragera à cesser de fumer pour de bon. »
M. Kelly note que les élèves ont même commencé à gérer eux-mêmes la salle. « Je me souviens d’une occasion en particulier où un étudiant est entré dans la salle. Il se dégageait une forte odeur de fumée de cigarette depuis ses vêtements. Les autres élèves lui ont dit qu’il n’était pas été autorisé à entrer dans la salle avec cette odeur de cigarettes. Ils lui ont dit que la salle est une salle réservée à ceux qui font des choix santé et antitabac. L’étudiant voulait vraiment faire partie du groupe qui profite de la salle; il a expliqué qu’il ne fume pas et souhaite ne jamais commencer à fumer, mais que l’odeur de la cigarette provient du fait que sa mère est fumeuse et fume dans la maison. Les élèves ont convenu que ce garçon devrait dorénavant ranger son manteau dans son casier, afin de ne pas faire entrer l’odeur de cigarette dans la pièce, et ce jeune a ensuite été accueilli à bras ouverts par le groupe. L’intégration et l’acceptation de ses pairs quant à sa déclaration de ne pas jamais vouloir devenir un fumeur vont sûrement motiver ce garçon à demeurer non-fumeur. »
M. Kelly dit qu’il y a maintenant beaucoup d’intérêt par les autres membres du personnel envers le projet Smart Choices Centre. Quoiqu’il demeure pour l’instant le superviseur principal du projet, ses responsabilités pourraient être facilement partagées avec d’autres enseignants. La clé est de donner aux étudiants une grande marge de manœuvre afin qu’ils se sentent comme s’ils sont responsables de la salle et que ce lieu leur appartient – tant et aussi longtemps qu’ils font des choix santé et qu’ils se respectent les uns les autres. Ce genre de supervision permet à la salle de demeurer attrayante aux yeux des jeunes et d’en faire un lieu populaire. Les jeunes voient ainsi un avantage de respecter de saines habitudes antitabac.
« Le tabac est une drogue d’introduction », dit M. Kelly. « Quand nous empêchons les jeunes de devenir accros à la nicotine, nous les aidons aussi à adopter des comportements sains pour le reste de leur vie. »
Bravo à l’école Caledonia Regional High!
Photos et histoire utilisées avec permission de l’école Caledonia Regional High.
Publié – mars 2016
Par Nathalie Landry – Coordonnatrice des communications de la CATNB