Les effets nocifs de la fumée secondaire de tabac sont bien connus. C’est pourquoi de nombreux fumeurs s’abstiennent ou sont demandés de s’abstenir de fumer autour de leurs amis, les membres de leurs familles et, surtout, les enfants. Mais la plupart des gens ne sont pas conscients du fait que la fumée secondaire peut aussi nuire à leurs animaux domestiques.

Il y a pourtant des dangers très réels pour les animaux domestiques qui vivent avec des fumeurs. La fumée secondaire dans des lieux fermés, comme les maisons, les appartements et les voitures, augmente la charge toxique sur les poumons d’un animal tout comme c’est le cas pour les humains.

Tawnee Tbomb McAleese, 31 ans, Moncton, adore les chats. Elle a cinq chats (Penelope, Pepe, Jasper, Kali et Melville) et s’occupe du groupe Facebook Moncton Cats and Kitties Club. Ce groupe fait souvent des collectes de fonds pour des organisations de sauvetage de chats comme Sasha’s Cat Rescue, Riley’s Legacy Cat Rescue, Fortunate Felines Rescue et la SPA du Grand Moncton.

Elle a remarqué que la santé de ses chats s’est améliorée depuis qu’elle a cessé de fumer.

« J’ai fumé pendant 19 ans ; 11 de ces années furent en compagnie de mes chats », raconte-t-elle. « Avoir des animaux dans la maison ne m’a jamais empêché de fumer, mais j’essayais néanmoins de ne pas fumer tout près d’eux et, bien entendu, de ne pas envoyer des bouffées de fumée directement vers leurs visages. J’ai fini par cesser de fumer. Un jour, je me suis réveillée, j’en avais eu assez et je voulais tout simplement arrêter. Ça fait deux ans que je ne fume plus. Je remarque que mes chats semblent respirer beaucoup mieux maintenant que la maison est sans fumée. »

C’est une bonne chose puisque les chats sont particulièrement sensibles à la fumée de tabac. Selon l’Association canadienne des médecins vétérinaires (ACMV), « les chats peuvent développer de l’asthme, semblable à l’asthme humain, et les chats qui vivent dans des maisons avec des fumeurs en chaine sont plus susceptibles de développer une bronchite chronique. » En fait, une étude de 2007 citée par l’ACMV rapporte que des chercheurs ont trouvé des traces de nicotine, de cotinine et de NNAL dans l’urine de chats exposés à la fumée de tabac. Cela indique que ces éléments nocifs sont absorbés et peuvent également cibler des organes autres que le système respiratoire.

Tout comme chez les humains, la fumée secondaire de tabac produit une irritation chronique des voies aériennes chez les animaux. « Au fil du temps, les voies aériennes exposées à la fumée subissent des dysplasies », explique l’ACVM. « Cela signifie que les cellules des voies aériennes deviennent anormales. Les cellules des voies aériennes peuvent se transformer en cellules cancéreuses si elles sont soumises à une exposition prolongée à la fumée secondaire. Le risque de lymphome chez les chats augmente avec l’exposition, et les cancers du poumon et du nez sont fréquents chez les chiens. »

C’est l’amour envers ses chats qui pousse Tawnee à continuer de vouloir vivre sans tabac.

De plus en plus, les chercheurs voient un lien direct entre de nombreuses conditions de santé affectant nos animaux de compagnie et la fumée de tabac secondaire et tertiaire. Le Club canin américain (American Kennel Club) rapporte que des chercheurs ont décelé la présence d’un gène indiquant la présence de lésions cellulaires chez les chiens qui vivent avec des fumeurs. Les chercheurs ont aussi signalé des taux plus élevés de dermatite atopique (eczéma) chez de tels chiens.

Annik Thomas, 28, et son partenaire Jonathan Richard, 29, Dieppe, peuvent témoigner des avantages d’avoir une maison sans fumée pour leurs animaux de compagnie. Le couple a une chienne, Chelsea, et un chat, Meeko. Ils ont aussi eu des furets. Annik est bien connue sur les réseaux sociaux comme une militante pour les droits et le bien-être des animaux. De plus, Annik et Jonathan font du bénévolat chez la Société des amoureux des furets du Canada atlantique ainsi que le Club canin canadien. Ils donnent parfois un coup de main à Transporters Without Borders, un organisme qui organise le transport de chiens vivants dans les refuges pour animaux vers leurs nouvelles demeures.

Jonathan était fumeur pendant environ 10 ans. Il a cessé de fumer lorsqu’un de ses amis a eu un cancer terminal. La douleur de voir son ami à travers cette épreuve l’a poussé à vouloir se débarrasser de cette dépendance malsaine. Annik et Jonathan ont également vu deux de leurs furets mourir de cancer (un du lymphosarcome et un du lymphœdème). Le couple admet qu’il se demande parfois si l’exposition à la fumée de tabac aurait pu être l’un des facteurs ayant contribué à ce sort ou si c’était tout simplement relié à la génétique. Même si Jonathan n’a jamais fumé à l’intérieur de la maison, ses animaux de compagnie pouvaient sentir l’odeur et ont été exposés à de la fumée tertiaire sur ses vêtements.

Annik et Jonathan savent qu’il est bien important de tenir leurs animaux loin de la fumée secondaire et tertiaire. Ils sont montrés ici en compagnie de leur chienne, Chelsea.

« Ce qui est vraiment intéressant, c’est que nous remarquons que nos animaux sont beaucoup plus affectifs avec Jonathan depuis qu’il est non-fumeur », explique Annik. « Par exemple, notre chat, Meeko, dort souvent à côté de lui, ce qu’il ne faisait pas auparavant. Nous avons aussi adopté notre chienne, Chelsea, en 2013, lorsque Jonathan a cessé de fumer. La peau de Chelsea est très sensible. Elle a de nombreuses allergies, et il semble que ses symptômes s’empirent auprès des fumeurs, même si elle ne fait que renifler leurs vêtements. Nous sommes fiers que nos animaux aient maintenant deux parents non-fumeurs. C’est mieux pour eux de ne pas être exposés à la fumée de tabac ! »

Gabrielle Nowlan, 38, Moncton, est une autre propriétaire d’animaux qui traite ses animaux de compagnie avec le plus grand soin et respect. Elle a une chienne, Ada, un chat, Bailey, et un oiseau, Colby. Elle sait combien la fumée de cigarette est dangereuse pour eux.

« Ma chienne, Ada, est adoptée. Son ancien propriétaire fumait beaucoup et il fumait toujours dans la voiture avec elle. Je pouvais sentir la fumée de cigarette sur elle et je détestais cela. Je lui disais souvent qu’il ne devrait pas fumer autour de sa chienne. Ce n’était pas bon pour elle. »

« J’ai moi-même été fumeuse, mais je n’ai jamais fumé dans ma maison », admet-elle. « Je fumais plutôt de façon occasionnelle et pour socialiser avec les gens, comme dans un bar ou avec mes collègues pendant mes pauses au travail. J’ai cessé de fumer et recommencé à plusieurs reprises. Cependant, j’étais toujours consciente du fait que je ne devais pas fumer en présence de mes animaux de compagnie. Beaucoup de gens ont peut-être pensé qu’il était étrange pour moi de fumer à l’extérieur de ma propre maison puisque je vis seule avec mes animaux, mais j’ai étudié la science animale à l’université et je sais donc que la fumée de tabac est nocive pour eux. Mes animaux sont comme mes enfants : je veux qu’ils soient en bonne santé. Je vais au-delà pour m’assurer qu’ils reçoivent une excellente alimentation, des vitamines et des traitements. Surtout mon petit oiseau Colby. Je n’ai jamais fumé à l’intérieur de la maison parce que j’avais peur de faire du mal à ses minuscules poumons délicats. »

« J’ai fini par cesser de fumer pour de bon », ajoute-t-elle. « Je devais porter un appareil orthodontique et je me suis dit “Je vais avoir de jolies dents droites, mais si je continue à fumer, ils seront tous décolorés.” C’était ma chance de faire table rase. Ça fait maintenant huit ans que je suis non-fumeuse. C’est mieux pour moi ainsi. Je suis malade moins souvent. Mes animaux ont une mère qui a beaucoup plus d’énergie et qui est en meilleure santé. »

Gabrielle est une excellente « maman » à son chien Ada.

Tawnee, Annik, Jonathan et Gabrielle sont d’excellents exemples de propriétaires d’animaux domestiques qui ont choisi une vie sans tabac — au grand bénéfice de leurs animaux adorés. Mais l’idée de ne pas fumer près de votre animal de compagnie de la même façon que la plupart des gens évitent de fumer près de leurs enfants est encore loin d’être une pratique courante. Sensibiliser et encourager les Néo-Brunswickois à cesser de fumer est donc essentiel pour protéger et assurer la santé et le bien-être de nos amis animaux.

Protéger les petits poumons de son oiseau Colby de la fumée secondaire est l’une des raisons pour lesquelles Gabrielle refusait de fumer à l’intérieur de sa maison quand elle était fumeuse.

Et pour ceux et celles qui font usage de cigarettes électroniques — faites bien attention ! L’ACMV prévient que le cigarette électronique présente elle aussi des dangers pour les animaux domestiques. « Bien qu’elle ne produit pas de fumée, la nicotine dans le liquide de la cartouche d’une cigarette électronique est dispersée en petites particules, de sorte que les animaux domestiques doivent être tenus à l’écart des vapeurs pour éviter l’inhalation. L’intoxication est très probable si l’animal consomme le contenu liquide du flacon lui-même. (…) Le liquide aromatisé est particulièrement attrayant pour les chiens. Le contenu d’un flacon est suffisant pour provoquer des symptômes d’intoxication chez les grands chiens et la mort chez les petits chiens ou les chats. Il faut donc faire très attention pour empêcher qu’ils mangent ces flacons. Si votre animal mâche ou avale de la nicotine liquide, il s’agit d’une urgence ! Vous devez apporter votre animal immédiatement à la clinique vétérinaire. »

Argument ultime : la nicotine est très toxique. Selon l’ACMV, en mangeant des cigarettes ou des mégots, un animal peut éprouver des vomissements, de la dépression ou un comportement anxieux, une fréquence cardiaque et respiratoire rapide, des tremblements et des convulsions. Parfois, cela peut même provoquer la mort. « Gardez vos animaux de compagnie loin de la fumée secondaire et de tout produit de tabac. Vos animaux dépendent de vous ! »

Nous espérons que de plus en plus de propriétaires d’animaux domestiques au Nouveau-Brunswick adopteront ce conseil et choisiront de vivre sans tabac non seulement pour eux-mêmes, mais pour le bien-être de leurs animaux adorés.

Ada la chienne et Bailey le chat sont chanceux d’avoir une propriétaire (Gabrielle) qui ne fume pas.

Histoire et photos utilisées avec la permission de:Tawnee Tbomb McAleese, Annik Thomas, Jonathan Richard, et Gabrielle Nowlan

Publié – octobre 2017

Par Nathalie Landry – Coordonnatrice des communications de la CATNB