Valérie Doiron St-Coeur (29, Brantville, NB) et Josée Mallais (36, Tracadie, NB) – les lauréates du concours Facebook #DitesNonAuTabac de la Coalition antitabac du Nouveau-Brunswick (CATNB) qui a eu lieu pendant la Semaine nationale sans fumée 2018 – sont un duo bien inspirant.
Si vous vous fiez aux apparences, vous ne saurez jamais que Valérie a failli perdre la vie à cause de la fibrose kystique. Aujourd’hui, elle vit une vie tout à fait normale et est en pleine santé grâce à une double greffe de poumons reçue en 2014. Son combat contre sa maladie alors que sa santé se détériorait et qu’elle passait la majorité de son temps dans des hôpitaux, frôlant la mort, a fait réaliser à de nombreux amis et proches à quel point nos poumons sont importants. Des amis de Valérie comme Josée Mallais se sont inspirés de ce combat pour décider de vivre sans tabac et réussir à cesser de fumer. Contactées par la CATNB après avoir gagné le concours, les deux amies ont partagé leur admiration l’une pour l’autre tout en racontant leurs parcours.
« J’ai commencé à fumer à l’âge de 12 ans », se souvient Josée. « J’ai cessé de fumer et j’ai recommencé à fumer plusieurs fois pendant mon adolescence et ma vingtaine. J’ai deux enfants et je n’ai jamais fumé dans la maison ni dans la voiture avec eux. J’ai même été capable de cesser de fumer pendant la grossesse et l’allaitement. Mais ma dépendance à la nicotine était trop puissante, alors j’ai toujours recommencé à fumer des cigarettes par la suite. Par exemple, après avoir terminé l’allaitement de mon premier enfant, j’ai recommencé à fumer suite à une sortie avec des amies pendant laquelle j’ai fumé une cigarette. J’ai des amis qui sont capables de fumer occasionnellement, soit une cigarette ou deux lorsqu’ils sont au bar ou qu’ils profitent d’une sortie. Je pensais que puisque j’avais réussi à cesser de fumer pour un certain temps, je serais capable moi aussi de consommer juste une cigarette de temps en temps et que je ne redeviendrais pas accro. J’avais tort. »
De nombreux facteurs ont aidé Josée à finalement vaincre cette dépendance en 2015.
« J’étais prête. J’en avais assez. Le coût des cigarettes les rendait moins abordables, et avec les amendements à la Loi sur les endroits sans fumée, il devenait de plus en plus difficile de fumer dans des lieux publics, comme sur les terrasses à l’extérieur des restaurants et dans d’autres endroits. Je savais que fumer n’était pas bon pour ma santé. Mes enfants voulaient que je cesse de fumer moi aussi. Ils se souciaient de ma santé et ils n’aimaient pas le fait que leur mère fume. Et puis, bien entendu, il y a eu l’histoire de Valérie qui m’a complètement ébranlée. »
Valérie Doiron St-Coeur sait à quel point nos poumons sont vitaux et importants. Elle est née avec la fibrose kystique et aurait éventuellement à se battre pour sa vie en raison de cette maladie.
« Nous avons su en 1989 que j’étais atteinte de la fibrose kystique », explique Valérie. « Les médecins ont dit à mes parents que je n’allais fort probablement pas vivre plus vieux que l’âge de 5 ou 6 ans. Mais, j’ai vécu une enfance normale. Mes poumons n’ont commencé à se détériorer que plus tard. Malheureusement, et ironiquement, mon frère aîné est décédé d’une méningite. J’étais l’enfant malade et il était censé être l’enfant en bonne santé. Pourtant, il est décédé et j’étais encore en très bonne santé à l’adolescence. »
« J’ai terminé mes études secondaires et je suis allée au collège. Pendant ma première année, j’ai vécu dans un appartement dans un sous-sol. Il y avait probablement des moisissures et des champignons. Mes poumons ont attrapé une infection bactérienne. Le tour était joué, ma santé s’est vite détériorée par la suite. »
Valérie passa les 5 prochaines années à consulter divers spécialistes et vivre de longs séjours dans des hôpitaux. Sa capacité pulmonaire chuta pour se situer à seulement 30 %.
« Je crachais du sang. Je devais constamment prendre des antibiotiques. L’infection bactérienne dans mes poumons avait pris le dessus et en raison de ma maladie, mes poumons n’étaient pas assez forts pour s’en débarrasser. Bientôt, j’étais sous oxygène 24 heures sur 24 et j’avais perdu beaucoup de poids — je ne pesais que 89 livres. Je ne pouvais même pas me brosser les dents sans perdre le souffle. Les antibiotiques qui essayaient de combattre l’infection dans mes poumons commençaient à avoir des effets néfastes sur mes reins. J’ai été placée sur une liste prioritaire pour recevoir une double greffe pulmonaire. Les médecins dans l’hôpital de Montréal où je me faisais soigner m’ont dit qu’ils ne pouvaient malheureusement rien faire de plus pour moi, nous devions tous prier pour un miracle. Notre seul espoir était qu’on me trouverait une paire de poumons compatibles. »
Valérie devait donc accepter la réalité qu’elle était en train de mourir. Les prochaines semaines auraient été ses dernières. Mais tout à coup, le miracle s’est produit.
« Le 17 avril 2014, mon médecin est entré dans ma chambre. Appréciez-vous votre dernier repas ? m’a-t-il demandé. Ce médecin avait l’habitude de plaisanter avec moi. J’étais tellement confuse. Nous avons trouvé une paire de poumons pour toi, s’est-il ensuite expliqué. Un match parfait. Profite donc de ton dernier repas avant que ta vie puisse recommencer… »
« Je ne savais pas si je devais être heureuse ou malheureuse. Je m’étais un peu résignée au fait que j’allais mourir. Il y avait des risques énormes associés à cette opération. La personne dans la pièce à côté de moi avait eu une greffe pulmonaire et était décédée deux à trois semaines plus tard. Elle avait dû attendre trop longtemps pour sa greffe en raison du manque de donneurs et ses autre organes étaient devenus trop faibles pour soutenir cette greffe. Mais mes parents avaient déjà perdu leur premier enfant. J’ai décidé de subir l’opération pour eux, je voulais tenter ma chance et vivre pour eux. L’opération a pris quatre heures. Ça s’est bien passé et je me suis réveillée. Mon corps a commencé à guérir très rapidement. Mon corps a accepté mes nouveaux poumons à merveille. Seulement 8 heures plus tard, je prenais mon premier souffle avec mes nouveaux poumons. »
Atteinte de la fibrose cystique, Valérie Doiron St-Coeur a frôlée la mort alors que ses poumons se détérioraient avant de recevoir enfin une nouvelle paire de poumons en 2014. Elle est montrée ici quelques heures après l’opération, respirant pour la première fois avec ses nouveaux poumons.
Maintenant, quatre ans plus tard, Valérie jouit d’une bonne santé et profite pleinement de la vie. « J’ai une carrière. Je me suis mariée. Mon mari et moi allons acheter une maison cette année. Je n’étais pas capable de planifier à long terme comme ça auparavant. Je ne savais jamais si le jour présent allait être mon dernier. Et la plupart du temps, j’étais trop malade pour faire quoi que ce soit de toute façon. »
Valérie le jour de son mariage en 2017. Elle jouit maintenant d’une bonne santé et peut profiter pleinement de la vie grâce à ses nouveaux poumons.
« Les gens ne réalisent pas à quel point leurs poumons sont importants », ajoute-t-elle. « Si vous ne pouvez pas respirer, vous ne pouvez pas vivre. Plusieurs de mes amis étaient bien troublés quand ils me voyaient à l’hôpital branchée à toutes sortes de machines. Voir quelqu’un que vous connaissez malade est une expérience bouleversante, vous commencez à vous imaginer dans ses chaussures et c’est très effrayant. Je pense que pour la plupart des gens, c’est ce dont ils ont besoin pour réaliser à quel point quelque chose comme fumer des cigarettes est nocif. Ils ont le choix, ils ont des poumons sains et ils s’infligent du dommage qui pourrait les rendre aussi malades que je l’étais. »
Le combat de Valérie a définitivement fait réfléchir Josée.
« J’avais beaucoup de peine à voir quelqu’un si jeune vivre cette douleur », dit-elle. « Valérie n’a jamais fumé de cigarette. Elle n’a jamais volontairement endommagé ses poumons. Elle n’avait pas choisi ce sort. Moi, j’étais chanceuse d’avoir hérité des poumons sains dès la naissance. Je devais cesser de leur faire du mal. Je devais cesser de fumer. C’était une énorme prise de conscience. »
Josée a donc obtenu une prescription pour le médicament de renoncement au tabac Champix et a commencé à réduire sa consommation de tabac à l’automne 2015. En janvier 2016, elle était officiellement non-fumeuse. Elle fut incroyablement touchée lorsque Valérie lui a fait part de son admiration en janvier 2018 dans le cadre du concours Facebook #DitesNonAuTabac de la CATNB.
« Josée Mallais, je suis si fière de toi depuis déjà deux ans que tu prends soin de tes poumons ! », a écrit Valérie.
« Je suis aussi fier de moi aussi ! C’est un parcours parfois difficile, mais en réalité, je pense à toi chaque fois que je veux abandonner ! Tu es mon inspiration ! », a répliqué Josée.
Josée a donc célébré son 2e anniversaire d’abandon du tabac en recevant la nouvelle qu’elle et son amie Valérie avaient remporté le concours Facebook #DitesNonAuTabac de la CATNB !
Valérie continue de faire passer le message à tous ceux qui l’écoutent qu’il est important de prendre soin de nos poumons. Elle fut aussi récemment agréablement surprise lorsque le mari et la fille de son donneur l’ont contacté. Une amitié s’est formée et ils ont même assisté à son mariage à l’été 2017.
« Je vis, grâce à cette femme, et sa famille», dit-elle. « Elle avait donné son consentement au don d’organes, mais sa famille avait quand même le dernier mot. C’est eux qui devaient décider, tout en vivant leur deuil, s’ils voulaient ultimement respecter ou non ce choix. Ils ont accepté de faire don de ses organes. Et je vis aujourd’hui puisque j’ai reçu ses poumons. C’est le plus beau et incroyable cadeau qui soit. »
Josée Mallais s’est inspirée de l’histoire de son amie Valérie pour cesser de fumer. Elle a récemment célébré son 2e anniversaire d’abadon du tabac !
« J’espère que mon histoire inspirera plus de gens à prendre soin de leurs poumons », ajoute-t-elle. « J’ai vu trop de patients — de nouveaux amis — mourir d’un cancer du poumon pendant que j’étais à l’hôpital. Souvent, peu de temps après leur diagnostic, ils sont morts. C’était déjà trop tard pour eux. Je ne veux pas que d’autres gens avec des poumons en bonne santé doivent passer à travers un combat comme le mien parce qu’ils ont choisi de fumer et d’endommager leurs poumons. S’il vous plaît, dites non au tabac ! »
Félicitations Valérie et Josée ! La CATNB est fière de vous compter parmi ses Champions de la vie sans tabac !
Histoire et photos utilisées avec permission de Valérie Doiron St-Coeur et de Josée Mallais.
Publié – avril 2018
Par Nathalie Landry – Coordonnatrice des communications de la CATNB